Histoire
Depuis 1238 : Le plus ancien domaine viticole du Luberon
L’histoire de la viticulture au Château de Mille ne remonte pas à l’ère romaine comme nous le pensions initialement, mais sans doute à des temps plus anciens. Grâce à l’historien Giuseppe Cincinnato et à l’éminent oeno-géologue Georges Truc, nous avons identifié une cuve de foulage taillée dans la roche, pouvant dater d’environ 2000 ans avant Jésus Christ, au sein d’un promontoire présentant les caractéristiques d’un oppidum celtique. Rien de très surprenant, car la pratique était courante autour de la Méditerranée. Le vaste bassin en pierre du château – un “aiguier” destiné à retenir l’eau précieuse pour une exploitation agricole – et les habitations troglodytes sont aussi les signes d’une occupation humaine très ancienne.
Mille occupe le site d’une ancienne villa romaine, comme plusieurs châteaux d’Apt : la Villa Milonum. On y faisait du vin, comme dans toute la région d’Apt, une station importante sur la Voie Domitienne. Le cheval de l’empereur Hadrien, Borysthène, tué lors d’une chasse, fut enterré aux Tourettes, tout à côté. Un fragment de sa pierre tombale, où Hadrien fit graver un émouvant poème, se trouve au Musée Lapidaire d’Avignon. La culture du vin s’est poursuivie au Moyen-Age, jusqu’au 19ème siècle, qui fut marqué par la tourmente du phylloxéra. Elle joue aujourd’hui un rôle vital dans l’économie de la région.
Les archives papales d’Avignon font mention du Château de Mille en 1238. Il fut la résidence estivale des évêques d’Apt et des papes d’Avignon, notamment Urbain V, dont le portrait orne le caveau. Les riches archives de Mille nous aident à mieux comprendre l’histoire du lieu.
En 1256, le seigneur Milon rendit hommage à l’évêque d’Apt. Mille fut épargné dans les troubles violents des guerres de religion, malgré sa proximité de Roquefure, fief de Raymond de Turenne, surnommé «le fléau de la Provence» à la fin du XIVème siècle. C’est le seul château de la région qui a été occupé sans interruption depuis au moins le XVIème siècle.
Construit sur et dans un escarpement rocheux, ce joyau de l’époque féodale fut agrandi au XIVème et au XVIème siècle, puis enfin au XVIIIème, avec l’ajout d’une bastide familiale et de jardins. Le château présente plusieurs habitations troglodytiques, des fenêtres à meneaux Renaissance, mâchicoulis, gargouilles, salle voûtée, chapelle perchée dans sa tour, banc de justice, pigeonnier et grand four à pain (ancienne « case » celtique). Son escalier suspendu monolithique est “un véritable chef d’oeuvre de la taille de pierre”, selon l’Encyclopédie du Luberon*.
*Ed. Marc Dumas, Les Alpes de Lumière, 2013sur et dans